EPISODE 3 – DEUX SIÈCLES DE FACTURE INSTRUMENTALE QUI MARQUENT L’ESSOR ÉCONOMIQUE DE MIRECOURT (1800 – 1929)
L’école française de lutherie naît de la rencontre des traditions de l’école de lutherie dite du Vieux Paris, et des écoles allemandes et italiennes. Nicolas Lupot (Stuttgart 1758 – Paris 1824), surnommé le « Stradivarius français » et Jean Baptiste Vuillaume (Paris 1798 – Paris 1875) sont les représentants majeurs de l’école française au 19e siècle.
Le fondateur de l’archet moderne, François Xavier Tourte (Paris 1748 – 1835), est bientôt suivi par trois grands archetiers mirecurtiens : Etienne Pajeot (Mirecourt 1791-1889), Dominique Peccatte (Mirecourt 1810 – 1874) et François Nicolas Voirin (Mirecourt 1833 – Paris 1885) qui fondent la réputation internationale de l’archèterie française.
La diversification de la production est marquée par une production de guitares dites « romantiques » (1820 – 1850) très appréciée et recherchée par les musiciens d’aujourd’hui.
C’est avec Didier Nicolas (Mirecourt 1757 – 1833) que l’on constate le développement des ateliers occupant non seulement des ouvriers à demeure mais aussi de nombreux sous traitants, travaillant à domicile à Mirecourt et dans les villages environnants.
Les deux principales entreprises, Thibouville-Lamy et Laberte, se développent à Mirecourt à partir de 1857. Avec la division du travail et la mécanisation de certaines phases de fabrication – moulage des tables et des fonds par exemple – la production augmente, se diversifie et son prix de revient baisse. A Mirecourt, à la fin du siècle, la facture instrumentale regroupe la production d’instruments du quatuor, d’archets, de guitares, de mandolines, d’instruments à vent, de pianos, d’orgues, d’instruments de musique mécanique, d’accessoires et d’outils. Elle occupe environ 800 personnes dans les ateliers et les usines.
La participation des luthiers aux expositions universelles (dès 1802), le dépôt de nombreux de brevets d’inventions, pour des modèles, des techniques ou des accessoires, attestent à Mirecourt comme à Paris d’un bouillonnement créatif tout au long du 19e siècle.
Après la Révolution française, la fabrication d’instruments de musique mécanique évolue vers des orgues à cylindres plus grands, à la sonorité plus puissante avec l’usage des tuyaux en bois. On y adjoint parfois tambourin et cymbale. Peu à peu, dans les ateliers des facteurs d’orgues, la facture de serinette cède la place à celle d’orgues mécaniques à cylindres qui trouvent place aussi bien dans les églises, les salons et même dans les rues.